Une Histoire Marquée Par le Culte Marial
L’édifice naquit une première fois au XVIe siècle en tant que petit oratoire créé par les bénédictins au pied de la colline de Valmont et dédié à la Vierge Marie.
Suite à une série de faits miraculeux rapportés ici et là, elle devint un lieu de pèlerinage très prisé. Face à l’ampleur des visiteurs et au manque de place engendré, les bénédictins (vers 1680-1685) transformèrent ce petit oratoire en chapelle, sans doute la première de Valmont, dite la Walmer Kapelle.
Un siècle plus tard, la chapelle fut détruite par les révolutionnaires lors de la campagne de déchristianisation en 1794, mais la statue de la Vierge pu être préservée. De nombreux fidèles venaient quotidiennement prier sur ces ruines, malgré les interdits formels de l’époque.
Une fois cette période passée et le culte rétabli, la chapelle fut restaurée par les fidèles de la ville et des environs et fut notamment renommée « Notre-Dame aux Trois-Montagnes » selon l’Abbé Houllé, plus communément appelée « chapelle de Valmont » car elle se situe au pied de la colline de Valmont.
La statue rescapée de la Vierge y fut transportée en procession le dimanche 10 Août 1806, à l’issue des vêpres solennelles.
Le pèlerinage connut son apogée en 1832 lors de l’importante épidémie de choléra qui eut lieu à cette époque.
En 1889, la chapelle avait besoin de restauration et de regain d’affluence. Le Conseil de Fabrique considérait qu’il était urgent d’intervenir.
L’abbé Lemire décida alors de lancer un vaste projet de construction qu’il démarra timidement au début 1890, faute de ressources suffisantes.
La cérémonie de la pose de la première pierre eut lieu au lundi de Pentecôte à l’issue des vêpres solennelles, la foule se rendit en procession jusqu’à la colline de Valmont au son des cloches et sous les salves d’artillerie.
Selon l’Abbé Lemire, l’évènement rassembla plus de 2000 personnes. Plusieurs cantiques furent chantés, puis le chantier et la foule furent bénits par le chanoine et vicaire. L’édifice à venir fut déjà baptisé sous l’appellation « Notre-Dame de Bon-Secours ».
Les travaux avancèrent à une rapidité prodigieuse.
La terrible tempête qui eut lieu à la fin Août n’ébranla en rien le chantier de la chapelle, et ne fit que conforter les fidèles qui y voyaient la main puissante et divine de la patronne de la chapelle.
La chapelle fut ainsi achevée et bénie le 11 octobre 1890. Une dernière messe dans l’ancienne chapelle fut célébrée à 6h. Une grande procession rassemblant plus de 4000 personnes, venues de tous horizons, arriva au pied de la colline et assista à la bénédiction de la statue de la Vierge et à la première messe. Environ 400 personnes se tenaient à l’intérieur tandis que près de 4000 demeurèrent à l’extérieur.
« Il a travaillé avec une indomptable énergie. Il s’est fait à la fois quêteur, carrier, maçon, entrepreneur, architecte, se prodiguant sans relâche pour faire beau et vite, avec peu de ressources ».
C’est en ces termes qu’un hommage fut rendu ce jour-là à l’Abbé Lemire et que l’on ne doit jamais oublier car ils résument bien que c’est grâce à la détermination de quelques prêtres et fidèles que Notre-Dame de Bon-Secours a ainsi pu être érigée à la fin du XIXe siècle.
Quelques années plus tard, d’autres travaux furent enclenchés par l’Abbé Lemire afin d’agrandir le lieu de culte pour en faire un sanctuaire marial grandiose.
La bénédiction du sanctuaire, dès lors appelé « basilique », eut lieu le 11 octobre 1902, soit douze années jour pour jour après celle de la chapelle originelle.
Le financement de la basilique semble s’être effectué dans une caisse commune, sans rendre de comptes, mêlant fonds personnels, donations et collectes.
En effet l’Abbé Lemire, encouragé par l’évêque avait lancé des collectes à travers Saint-Avold et le diocèse. Des fidèles enthousiasmés ont également apporté d’importants dons. L’histoire raconte également que l’Abbé Jean-Pierre Louis aurait légué tous ses biens dans cette entreprise, au grand dam de ses héritiers. De même, de nombreux bénévoles, artisans et autres, auraient participé à la construction.
Par la suite, de nombreux changements (adaptation, rénovation, embellissement) se succédèrent face à l’essor croissant du pèlerinage.
Le vœu de l’abbé Lemire avait toujours été de faire de Notre-Dame de Bon-Secours une basilique mineure. Ce titre fut obtenu en 1932, dix ans après sa disparition.
Parmi les faits qui ont contribué à obtenir cette appellation, on peut citer la guérison d’une fillette de quatre ans jugée incurable et atteinte de maux violents, qui se serait produite le 13 Août 1892. La mère et la grand-mère, après avoir prié avec une immense ferveur la Vierge, ont déposé au portail du sanctuaire la fillette qui se mit à marcher. Un autre cas fut celui de cet homme, « père de l’abbé Dufour », qui après avoir fait une neuvaine à Notre Dame Auxiliatrice de Saint-Avold, se trouva guéri de maux de gorge qui l’empêchait de s’alimenter depuis dix mois.
La cérémonie de promulgation du bref apostolique eut lieu le jour anniversaire de Notre Dame de Bon Secours, à savoir le 31 août 1932. La messe pontificale solennelle débuta à 10h sous le regard de près de 10 000 personnes selon les estimations.
La basilique de Saint-Avold était désormais classée comme l’un des hauts lieux de pèlerinage, à l’instar de Lourdes. Cette église est la seule basilique du diocèse de Metz à ce jour.
Esthétisme Spirituel
L’esthétisme de Notre-Dame de Bon-Secours mérite d’être souligné. En effet, de plan octogonal centré, couverte d’un dôme, elle possède, conformément à la tradition chrétienne, son chœur orienté, le soleil levant évoquant l’image du « Christ lumière ».
Elle est d’inspiration romano-byzantine mais revêt également des éléments gothiques et baroques dans son architecture. L’abbé Lemire avait ainsi réalisé une combinaison éclectique, peut-être parfois controversée, mais d’une réussite et d’une beauté indéniables.
Les vitraux sont les plus anciens de Saint-Avold et sont issus des ateliers de trois maîtres verriers de renom. La richesse et la diversité de leurs coloris, ainsi que les messages spirituels qu’ils délivrent, confèrent au sanctuaire un caractère particulièrement propice au recueillement.
A la suite des apparitions de 1858 à Lourdes, Notre-Dame de Bon-Secours, à l’instar d’autres, installa sa « grotte de Lourdes » vers 1880.
Lieu de Pèlerinage
Dès sa naissance, la chapelle du Valmont puis Notre-Dame de Bon-Secours, fut très vite un lieu incontournable pour tous les pèlerins. Rapidement apparurent des ex-voto en remerciement à la Vierge Marie pour des guérisons obtenues ou des vœux exaucés.
Après le décès de l’abbé Lemire, l’archiprêtre Nicolas Dicop prit les choses en main. Il organisa ainsi en 1923 l’acheminement des pèlerins par trains complets, édita le « Petit manuel du pèlerinage de Notre-Dame de Bon-Secours » -en français et en allemand- « dédié aux prêtres et aux fidèles du diocèse ». Cela rassembla près de 16000 personnes pour la fête de Notre-Dame de Bon-Secours.
Après la seconde Guerre Mondiale, l’archiprêtre Georges Klein, prit le relai avec vigueur et enthousiasme. Le nombre de pèlerins venus en mai et juin 1949 s’éleva à plus de 16000.
Il ne s’agit là que d’exemples parmi les plus marquants.
Cet afflux impressionnant perdura jusqu’au milieu des années 1960, apportant également un impact positif sur l’activité économique de la ville.
Aujourd’hui, la fréquentation est moindre mais elle réunit encore plus de 2000 personnes chaque année.
Le 24 Mai 2014, à l’occasion du bicentenaire de la proclamation de Marie Secours des chrétiens, la paroisse organisa une fête jubilaire, en faisant venir pour l’occasion les reliques de sainte Thérèse de Lisieux, attachée au sanctuaire de Bon Secours par sa représentation sur l’un des grands vitraux du chœur octogonal.
En conclusion, la basilique Notre-Dame de Bon-Secours est un haut lieu du patrimoine spirituel et architectural de notre pays. Et pourtant, elle est menacée de démolition.
En effet, de nombreuses fissures arpentent sa façade et elle a besoin d’être restaurée en certains points névralgiques.
Mais comment envisager de démolir ce monument unique en son genre, de bafouer l’histoire et le paysage de notre France alors qu’elle pourrait être rénovée !